dimanche 23 janvier 2011

le rabot et le berceau

Le rabot chante ou grince, parfois s'accroche. Il suit la règle jusqu'à la profondeur du trait tracé que l'oeil observe tout en jaugeant les copeaux (un copeau se coince entre la planche du rabot et la lame et tout s'arrête...).



Usinage manuel des entailles qui vont permettrent aux virures de se chevaucher à mi bois pour s'ajuster dans les rablures de poupe et de proue (merci à Sly et Jibi pour les explications du procédé !)



Un nouveau berceau pour Elendil. Avec l'échaffaudage qui permettra de travailler la coque jusqu'en haut des membrures et de passer ensuite à la construction du pont.


"Depuis combien de temps méditait-il sur son voyage jusqu'aux étoiles ? Où était la clef qui ouvrait sur ses horizons infinies ?
Il faudrait, pour répondre à ces questions et à bien d'autres encore, remonter aux regards de l'enfance..."

dimanche 9 janvier 2011

Regards amicaux

Le chien aime les copeaux. Je me demande parfois ce que peut penser le chien en me regardant m'agiter... Mais le chien se demande-t-il ce que je pense lorsqu'il court comme un fou derrière un chat ? La onzième virure est en place. Maintenant le bateau pourrait flotter. La ligne de flottaison est franchie.

Merci à C. J. pour son commentaire si vrai. Les regards amicaux sont aussi aux nombres des mots qui effacent les maux. Merci également à ceux qui regardent avec amitié et curiosité par delà l'espace informatique et les distances géographiques.
Relativiser ne sert pas à grand chose lorsqu' un frisson de découragement fait couler l'encre trop noire. Mais un mot amical, un coup de main inattendu pour un coup de pinceau (merci) sont les lumières qui chassent les ombres.
Combien d'hommes et de femmes passionnés qui passent et que personne ne voit ? Nombreux sans doute, bien plus nombreux que les laisses des mers médiatiques. Tout comme les manuscrits des littératures de fond de tiroir que les éditeurs ne verront pas, ne voudront pas voir mais qui pourtant forment une bibliothèque qui a pour elle d'être vraiment humaine.
Peut être, en définitive, que ce qui compte vraiment c'est de l'avoir fait parce que là était l'expression de l'être au monde.


Brochetage

La première technique que j'ai utilisée pour le brochetage des virures (determiner la forme d'une surface non dévelopable appliquée sur un volume): une latte à brocheter centrale sur laquelle viennent se fixer des "piges". Une fois à plat sur le plateau dans lequel sera débitée la virure, la suite des sommets des piges donnent la forme de la virure. Il suffit de relier les points obtenus. Cette technique est celle que l'on trouve dans les "manuels" de construction destinés aux amateurs. Il existe une autre technique où l'on reporte des ouvertures de compas prises selon une ligne de réference.

Mais pourquoi ne pas chercher directement la "ligne", la forme ? C'est ce que je me suis demandé. D'où cet autre technique:

Montage de deux lattes qui viennent prendre la place exacte de la future virure (la latte du haut est vissée aux membrures, celle du bas est maintenue par des serre joints.

Les piges sont vissées sur les deux lattes pour obtenir une sorte d'echelle qui gardera la forme de la future virure.

IL suffit alors de poser l'"echelle" sur le plateau et de tracer les traits. Plus précis, plus rapide. Il suffisait d'y penser. Mais sans doute d'autres l'ont pensé avant... Quelle joie de réinventer le fil à couper le beurre. Cette technique s'adapte trés bien à la construction à clin. Est-elle utilisable lorsque la coque est bordée à franc-bord ? Je ne sais pas. Peut être un lecteur a-t-il la réponse .

Je me rend compte qu'il y a deux fois la même photo... C'est pour ceux qui ne suivent pas !

dimanche 2 janvier 2011

De mots en maux

Je me suis rendu compte que des visiteurs venaient ici en provenance d'un ailleurs, improbable à priori, les Etats Unis, le Canada. La communication au prochain lointain devient une réalité alors que celle au prochain d'à côté s'efface sous l'usure du temps et l'indifférence polie.

Un architecte est venu de Bordeaux pour voir le chantier, des candidats à la construction amateur sont venus d'Isère. Mais, en dehors du voisin à la retraite, le monde alentour passe sans voir.

Mais à choisir entre l'indifférence et l'attention feinte, je choisi le silence.



Elendil s'habille lentement de sa robe à clin. La neuvième virure est en place mais avec les températures froides de ces dernières semaines, les temps de collage deviennent un véritable obstacle. Mais qu'importe; personne n'attend le bateau au détour d'un port. La navigation est vivante dans mes rêves. Dans la construction d'un bateau il y a la porte d'un autre départ, d'une aube nouvelle, assez loin des absences de soi et des machoires inflexibles d'une modernité qui digère tout ce qui dépasse des horizons dessinés sur les panneaux publicitaires en lignes de nécessité et tracés par les leçons apprises par coeur.



Combien de lecteurs pour ce roman d'un bateau pour Gwenn (à télécharger sur http://www.bateaubois.com/) ? Qui le sait ?
Lorsque l'on crée une chose ou l'autre il y a toujours un souhait; celui que d'autres puissent y trouver quelque chose pour eux même et que des mots, qui sont les gestes de l'âme, viennent justifier, comme un bouquet offert, la passion, le travail, le temps passé. On ne crée pas pour soi mais parce que l'on porte en soi quelque chose qui demande à s'exprimer. Mais parfois l'expression est comme un cri dans le silence absurde de murs impossibles à comprendre. Alors vient la tentation de s'enfermer. Puisque ce que l'on dit avec ses mains n'a pas d'écho. Il y a quelque chose de cruel ici ou de profondément ironique, comme si le miroir ne renvoyait pas d'image.

Je suis là; je passe. Un jour tout sera autre. Il n'y aura plus besoin de miroir.

De mots en maux et retour. Mon esprit dessine déjà un autre bateau. For the White Shores.

Ultréïa

La marinisation se poursuit. Calfatage repris entièrement, safran monté.

J'ai ajouté une plaque pour le nom. Plus facile lors des prochaines mise en peinture.